Innocent Witness

Lee Han

Innocent Witness est un film sud-coréen réalisé par Lee Han en 2019 dans lequel on suit un avocat raté qui se voit attribuer la difficile tâche de défendre une femme accusée du meurtre d’un vieil homme et dont l’unique témoin est une jeune fille atteinte d’autisme.

Bonne lecture ! (Attention spoilers)

DEUX PERSONNAGES PRINCIPAUX FORTS

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Innocent Witness est un film structuré autour de la relation entre l’avocat et le jeune fille.

Jeong Woo-soeng

Soon-Ho est un avocat incarné par Jeong Woo-soeng qui n’est pas parvenu à obtenir le succès professionnel. Un beau jour, il est engagé pour défendre une femme accusée du meurtre du vieil homme dont elle s’occupe. Convaincu de son innocence, il se démène pour la prouver et faire libérer l’accusée.

Kim Hyang-gi

Ji-woo est une jeune fille autiste incarnée par Kim Hyang-gi. Elle est une collégienne qui un soir, est témoin du meurtre de son voisin par son assistante. Très aimée et protégée par ses parents, elle est fille unique et n’a que très peu d’amis.

Soon-ho est un homme qui a la quarantaine, avocat modeste et célibataire. Il vit avec son père afin de l’aider dans ses problèmes de santé. Éternel insatisfait, il décroche une opportunité en or quand il est engagé pour défendre une femme accusée de meurtre. Cette affaire va lui permettre de prouver ses talents d’avocat en prouvant l’innocence de cette femme.

Sono-ho et Ji-woo vont se rencontrer au cours de l’affaire alors que lui tente d’obtenir des éléments issu du témoignage de la jeune fille. Alors qu’elle et sa famille tentent de se reconstruire en oubliant cette affaire, lui insiste afin d’obtenir des réponses et la satisfaction d’une affaire résolue.

L’interprétation de Ji-woo par la jeune Kim Hyang-gi est tout simplement exceptionnelle. La jeune actrice délivre une performance absolument saisissante en interprétant cette jeune fille autiste. À la fois délicate et puissante, Kim hyang-gi a proposé dans Innocent Witness un rôle absolument référence.

LE RÉCIT D’UNE ENQUÊTE MYSTÉRIEUSE

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L’histoire d’Innocent Witness se concentre sur le procès d’une femme accusée du meurtre d’un vieil homme. Alors qu’elle prétend que ce dernier s’est suicidé et qu’elle a tenté de lui venir en aide, elle parvient à convaincre son avocat et de l’aider à se disculper.

Innocent Witness retrace le parcours total d’une enquête, de l’établissement des faits criminels à la résolution de l’affaire.

On commence donc par assister au meurtre, du point de vue de Ji-woo. Ensuite, on nous présente le point de vue de la femme accusée qui affirme son innocence. Dès lors, on suit l’avocat dans sa quête de vérité. Il doit faire l’équilibriste entre les paroles d’une femme sans histoire accusée d’une terrible chose et le témoignage d’une enfant dont les paroles sont sans cesse remise en question. Le spectateur est également impliqué dans l’enquête puisqu’il ne détient pas la réponse. Il en est au même stade que l’avocat. Il doit composer avec les éléments qu’on lui apporte afin de se forger sa propre opinion, opinion qui s’affine à mesure que le film progresse.

Alors que l’avocat progresse et récolte des avancées dans la constitution de sa défense, il devient de plus en plus humain et cesse d’être rigide dans son travail. Il commence à comprendre qu’il s’agit de vies humaines en jeu.

LA DÉLICATE QUESTION DE L’AUTISME

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Si Innocent Witness défile en se basant sur un procès, il est nécessaire d’élargir son champ de vision pour en comprendre les enjeux latents. En effet, très vite le procès devient secondaire afin de laisser place à la question relative à l’autisme dont est atteinte Ji-woo.

Nous l’avons brièvement abordé précédemment sans pour autant le développer, mais voici le moment d’approfondir le message transmis pas Innocent Witness. Ce message porte sur l’autisme et sur les conséquences sur les personnes atteintes.

Ji-woo est une jeune collégienne atteinte d’autisme. Un soir, elle croit voir son voisin se faire assassiner. Dès lors, elle devient l’unique témoin d’un meurtre et possède de facto le droit de vie ou de mort sur une femme. Son témoignage va changer la vie de cette personne.

Plutôt secondaire au début du film, Ji-woo prend le pas et devient le personnage central. On ne s’intéresse plus au procès, mais plutôt à l’impact que celui-ci a sur la jeune fille.

On découvre alors que Ji-woo est extrêmement aimée de ses parents. Ils la protègent et la chérissent. Cependant, sa vie à l’école est un enfer. Harcelée, moquée, seule, elle est sans défense face au comportement de ses camarades. Elle n’est pas considérée comme une personne normale, et plusieurs personnes vont lui faire remarquer, sans hésiter à la blesser, plus ou moins volontairement. Sa seule amie se révèle être également une tortionnaire. Elle la maltraite en cachette alors qu’elle prétend être sa seule amie, d’autant plus qu’elle a la confiance des parents de Ji-woo.

Alors qu’elle est considérée comme une sous-personne, Soon-ho commence à s’attacher à Ji-woo et rentre dans son monde. Il s’intéresse à la question de l’autisme et cherche à comprendre l’univers de la jeune fille. Il va ainsi se détourner de son objectif premier : défendre une femme accusée, afin de se pencher sur la construction de la considération de Ji-woo et des personnes autistes. Il va axer son propos en appuyant le fait qu’une différence entre les humains n’impliquent pas de hiérarchisation entre les humains.

Innocent Witness fait indéniablement écho à Mother, film réalisé dix ans auparavant par le coréen Bong Joon-ho, qui avait déjà traité de la question du handicap mental et du rapport des individus concernés avec la société.

Innocent Witness est un film puissant qui aborde la question du handicap et la remise en cause des convictions personnelles, porté par un acteur et une actrice dont les performances méritent le détour.