The Guard

Peter Sattler

En 2014, Peter Sattler réalise son premier long-métrage, The Guard, film dans lequel une jeune militaire est postée à Guantanamo, célèbre prison américaine, et se lie d’amitié avec un des détenus de l’établissement.

Bonne lecture ! (Attention spoilers)

LA FORCE DU FILM RÉSIDANT DANS SES PERSONNAGES

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The Guard est basé sur la relation entre Amy Cole, une jeune militaire qui est envoyée à la prison de Guantanamo et Ali, un détenu qui y est présent depuis déjà plusieurs années.

Kristen Stewart

Amy Cole est une jeune militaire interprété par Kristen Stewart. Elle rentre à l’armée avec l’espoir d’échapper à la morosité de sa vie et de sa ville d’origine, et surtout de donner un sens à sa vie. Bien qu’inexpérimentée et introvertie, elle va à plusieurs reprises aller à l’encontre de sa hiérarchie, avec les conséquences qui en découlent.

Payman Maadi

Ali est quant à lui interprété par l’acteur américano-iranien Payman Maadi. Il incarne un homme incarcéré à Guantanamo depuis 8 années. Personnage rusé et mesquin, il défie et provoque les gardes quotidiennement, non sans en subir les retours de bâtons.

The Guard est articulé autour de la relation entre Amy et Ali. Leur relation commence par le conflit, dicté par l’atmosphère qui règne dans la prison. C’est un monde binaire : militaires contre détenus, puissants contre faibles. Amy et Ali vont dépasser cette binarité en brisant les murs. Ceci est une image puisqu’ils vont parvenir à entretenir une relation sans contact physique, toujours bloqué par un mur, une vitre ou un grillage.

La puissance de The Guard réside dans les deux personnages. Ils vivent dans un monde, la prison, où tout est aseptisé afin de limiter les relations. Cela est même dit dans le film par le supérieur d’Amy : les détenus ne doivent rien savoir des gardes. The Guard parvient à faire s’exprimer des personnalités fortes dans un univers où elles sont encadrées et limitées.

UN QUASI HUIT-CLOS

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Une des particularités de The Guard est le lieu dans lequel le film se passe. En effet, il s’agit de la prison de Guantanamo. Le film se passe exclusivement dans cette prison, à quelques exceptions, notamment lors d’une excursion du personnel en bateau, bien que celle-ci soit aux abords de la prison. Aussi, le film se ferme sur le départ de Cole de la prison, en bus puis en avion. Dans ce cas, cela clôt le film et ne s’oppose pas à l’idée générale du film.

Les scènes de The Guard sont donc majoritairement tournées à l’intérieur de la prison. Que ce soient des cellules, des couloirs, des réfectoires, des cours, des bureaux, tout se trouve dans la prison, derrière des barbelés, des grillages ou des murs de béton. Ce choix renforce le côté oppressant du film. On sent que les personnages ne sont pas libres. Concernant Ali, c’est plutôt logique, mais concernant Amy, c’est intriguant. En effet, elle représente une figure d’ordre. Elle a le pouvoir sur les détenus, en tout cas, elle est censée. Mais elle est constamment rabaissée par ses supérieurs. Par cela, elle subit également un huit-clos, à une échelle différente d’Ali.

Ainsi, The Guard s’attarde essentiellement sur la vie carcérale à la fois du personnel et à la fois des détenus. Les deux groupes sont encerclés dans du béton froid, les tailles diffèrent, mais le but est le même. Les détenus ont quelques mètres carrés impersonnels, et les gardes ont plus de mètres carrés, mais tout autant impersonnels. Les gardes surveillent les détenus, les supérieurs surveillent les gardes.

Le huit-clos est donc à deux niveaux. Le premier concerne les personnages qui sont bloqués mentalement et psychologiquement : ils ne peuvent pas vivre et s’exprimer comme ils le souhaiteraient .Et le second est un huit-clos physique, caractérisé par la prison elle-même.

RAMENER DE L’HUMANITÉ LÀ OÙ ELLE A DISPARU

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The Guard n’a pas pour volonté première et directe de critiquer le système carcérale américain, et particulièrement celui de la prison de Guantanamo, mais plutôt de se pencher sur les relations sociales et humaines qui se créent dans les prisons.

En choisissant le prisme d’une jeune soldat qui n’est pas encore formatée par sa hiérarchie et par son expérience, c’est un nouveau monde que le spectateur découvre. C’est la candeur qui est choisie pour se confronter à la dureté de ce milieu dans lequel s’oppose militaires et terroristes. La violence et le conflit suintent sur les murs et dans les couloirs, la haine et le mépris hantent les cellules.

Ainsi, c’est sur la relation entre Amy et Ali que The Guard s’attarde. Cependant, ce n’est pas une relation amicale ou sentimentale, mais juste une relation humaine entre deux personnes qui n’ont rien. Il n’y a pas d’arrière-pensées ou de manipulation, simplement deux êtres humains qui échangent sur leur vie respective. Cette relation, bien que ponctuée de hauts et de bas, apporte de l’humanité dans ce lieu déshumanisé. Elle déteint dans la noirceur de la prison. Pendant le film, on assiste à une relation qui devient de plus en plus puissante et lumineuse. Elle finit par prendre le dessus sur la prison et les éléments qui l’a composent, jusqu’à ce que ces derniers, par l’intermédiaire de la hiérarchie d’Amy, remettent les choses dans l’ordre et mettent fin à cette relation.

The Guard est donc un film qui ne prétend pas révolutionner le cinéma mais qui propose quelque chose de véritablement intéressant en prenant le parti de restreindre le lieu d’action et en faisant confiance à deux acteurs et à leurs interprétations, à juste titre, puisque Kristen Stewart et Payman Maadi délivrent des prestations profondément marquantes et références.