Welcome to the Rileys

Jake Scott

En 2010, Jake Scott réalise Welcome to the Rileys, film qui s’intéresse à la vie de Doug et Lois, qui ont perdu leur fille et qui vont tenter d’aider Mallory, une jeune strip-teaseuse à se sortir de sa vie misérable.

Bonne lecture ! (Attention spoilers)

LE PARCOURS DU DEUIL

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Doug et Lois forme un couple typique américain, endeuillé par la mort de leur fille quelques années plus tôt. Ils sont interprétés par James Gandolfini et Melissa Leo. Ne parvenant pas à se remettre de cet épisode tragique, leur couple est fracturé. Lui est torturé par l’absence de sa fille et absent du domicile alors qu’elle s’est renfermée sur elle-même et n’ose plus sortir de la maison.

James Gandolfini & Melissa Leo

Doug et Lois ne forment plus vraiment un couple mais plutôt une sorte de cohabitation, dans laquelle ils se retrouvent uniquement pour dormir. Ils n’ont plus ou presque d’interactions. Le décès de leur fille a provoqué la séparation de leur chemin. Ils tentent d’aller de l’avant mais pas dans la même direction. Alors que lui s’ouvre au monde qui l’entoure (parfois trop lorsqu’il trompe Lois), elle se cloître chez elle et se réfugie dans les médicaments.

Kristen Stewart

Alors qu’il est en voyage d’affaires à la Nouvelle-Orléans, Doug rencontre Mallory, une strip-teaseuse jouée par Kristen Stewart, et l’imagine comme sa fille par procuration. Elle n’a pas de parents, il n’a plus sa fille. Tous les éléments sont alignés pour qu’il exerce son devoir de père qu’il n’a pas pu exercer avec sa fille.

Cette rencontre marque la première étape du deuil. Il s’agit de la reconstruction.

La seconde étape est la mise en action. Doug va se démener pour aider Mallory par de multiples moyens.

Enfin l’aboutissement de l’acceptation du deuil intervient logiquement à la fin du film quand Mallory décide de reprendre sa vie en main.

UN FILM AVEC DE RARES MOMENTS DE BONHEUR

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Le thème principal de Welcome to the Rileys est le deuil et le chemin à parcourir afin de le surpasser. Doug est un homme qui feint le bonheur. Pour ne pas perdre la face, il prétend être heureux dans ses relations avec la société. Il se crée une carapace pour se protéger du chagrin.

La forme du film fait écho au thème du deuil à plusieurs niveaux.

Le premier niveau concerne la construction du film. Il est structuré comme un thriller. On commence le film avec une situation conflictuelle entre des personnages. Le premier passe à l’action et le second cherche à comprendre ce qu’il se passe. Ceci est englobé par la musique qui initialement sonne comme une musique à suspens. L’action se déroule et finit par se dénouer logiquement à la fin du film. On peut alors remarquer que la musique du thriller a disparu au profit d’une musique plus douce et plus paisible.

Cependant, sur les 110 minutes que dure Welcome to the Rileys, cette douceur n’occupe qu’une dizaine de minutes. Tout le reste n’est qu’un condensé de tristesse.

À vrai dire, quelques onces de bonheur sont déjà présentes pendant le film. Par plusieurs reprises, le spectateur croit que la situation va se résoudre, en vain puisqu’un nouveau conflit resurgit et renvoie la situation au point de départ.

Le deuxième niveau qu’il est possible d’aborder concerne la lumière et la colorimétrie du film. Celle-ci est extrêmement sombre. L’immense majorité des actions se déroule dans des lieux peu éclairés ou bien de nuit. Leur maison est un endroit froid et peu accueillant dans lequel le temps s’est arrêté suite au décès de la fille du couple. Mallory travaille dans un club de strip-tease dans lequel il fait également très sombre.

Pour évoquer brièvement la couleur, on peut noter que même les couleurs censées être les plus vives ont une apparence terne et pâle.

Pour constituer un dernier niveau, on peut évoquer la teneur des relations entre les personnages. Celles-ci ne sont pas naturelles, voire même malsaines.

Tout d’abord, la relation entre Doug et Lois est particulière. Dire qu’elle est froide serait même un euphémisme. Leurs interactions sont minimales alors qu’ils sont mari et femme. Comme nous l’avons dit précédemment, leur relation n’est plus qu’une cohabitation : ils n’ont plus de complicité.

Ensuite, la relation entre Doug et Mallory continue de renvoyer une image malsaine de l’aspect relationnel développé par le film. Les prémices de leur relation sont l’argent. Doug est associé à un client et Mallory est la prestataire. On a l’image d’une relation déshumanisée. Cette relation évolue mais sans pour autant se défaire de sa genèse. L’argent finit par ressurgir, mais dans un but différent. Doug récompense Mallory pour son bon comportement.

LA RECONSTRUCTION D’UN HOMME

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Welcome to the Rileys suit essentiellement Doug et son parcours de reconstruction suite au décès de sa fille. Profondément marqué par celui-ci, il n’est plus le même depuis et ne parvient pas à vivre à nouveau. Son couple s’effrite et ne fréquente quasiment plus sa femme. Il tient en outre souvent compagnie à d’autres femmes.

Alors qu’il se trouve dans un club de strip-tease, il rencontre Mallory, une jeune femme y travaillant. Désintéressé par ses services, Doug se met en tête l’idée de l’aider à se sortir de sa situation. Très vite, on comprend qu’il considère Mallory comme sa fille qu’il n’a pas pu élever. Quant à elle, elle n’est pas vraiment réceptive. Elle entre en conflit avec lui à de nombreuses reprises, ne comprenant pas ses véritables intentions. Il insiste et prend son nouveau rôle très à coeur : il l’éduque, la protège, rénove son appartement.

Lois le rejoint au cours son propre processus de reconstruction et aide Doug à élever et éduquer Mallory. Doug et Lois deviennent les parents par procuration de Mallory.

La reconstruction concerne essentiellement Doug que l’on suit en majorité mais on assiste également à la reconstruction de Lois qui parvient à sortir de sa maison pour découvrir et rencontrer à nouveau du monde. Leur couple va se renforcer et ils finissent pas reprendre le cours de leur vie comme s'ils avaient rempli leur devoir, ce qu'ils n'avaient pas pu faire avec leur fille.

Welcome to the Rileys a permis de révéler une écriture de personnages très intéressante et donc à James Gandolfini et Kristen Stewart de prouver à nouveau leur talent d’acteur et d’actrice dans un film émouvant réalisé par le jeune Jake Scott.