The Square

Ruben Östlund

The Square est un film suédois réalisé par Ruben Östlund en 2017 qui suit la vie de Christian, le conservateur d’un musée d’art contemporain à Stockholm. Par ailleurs, il a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes en 2017.

Bonne lecture ! (Attention spoilers)

UN LONG JEU D’OPPOSITIONS

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Claes Bang

The Square est un film façonné autour de nombreuses oppositions et de contrastes. Le premier point concerne Christian, interprété par Claes Bang. Christian est un homme quinquagénaire dont la profession est conservateur de musée. Père de deux jeunes filles, il est divorcé de leur mère. On devine très vite qu’il est un homme très aisé. Il vit dans un grand appartement chic et conduit une voiture luxueuse. En d’autres termes, c’est un homme accompli d’un point de vue professionnel. Quant à sa personnalité, elle est difficile à cerner. Tantôt altruiste, tantôt égocentrique, il a plusieurs facettes que l’on est amené à découvrir pendant les 142 minutes du film.

Ainsi on découvre que Christian dans sa vie personnelle et Christian dans sa vie professionnelle sont deux personnes radicalement différentes. D’un point de vue personnel, Christian est quelqu’un de solitaire, renfermé et peu ouvert sur le monde. En revanche, d’un point de vue professionnel, Christian est un homme généreux, collaboratif et initiateur. Il va de l’avant, en poussant ses collègues et les projets. Il est à l’origine de nombreuses innovations et expositions au sein du musée.

Cette double identité se retrouve bousculée quand il rencontre une journaliste américaine avec qui il finit par coucher. Ses deux identités se confondent et Christian se retrouve déstabilisé, lui qui portait une attention particulière à faire co-exister ses deux natures, peut-être inconsciemment.

Les oppositions sont essentiellement marquées par les différences de traitement entre les choses concrètes et les choses futiles. Les choses concrètes sont les personnes qui arpentent les rues de Stockholm, qui déambulent dans les musées, qui s’arrêtent dans les épiceries tandis que les choses futiles sont tous les objets ou les performances qui n’apportent rien à la société ou à la vie. The Square fait la critique de la vénération de ces choses futiles, qui sont laissées au détriment des choses véritablement concrètes.

LA SUPERFICIALITÉ DE LA SOCIÉTÉ MISE EN CAUSE

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The Square est un film qui a pour but de critiquer la société actuelle. Les deux points essentiels qui font l’objet de critiques sont le matérialisme et l’égoïsme. Pour être tout à fait exact, les deux sont assez liés dans la critique. C’est logiquement Christian qui incarne ces critiques.

Le matérialisme de Christian se reflète par son téléphone et sa voiture. En effet, au début du film, il se fait voler son téléphone et entreprend une véritable quête afin de le retrouver : il va même jusqu’à menacer tout un immeuble pour un simple téléphone. Quant à sa voiture, elle est le signe de son aisance financière, il en prend soin à l’excès et fait tout pour qu’elle reste dans le meilleur des états. Il tient à ce que personne ne remarque qu’elle est abîmée : il la répare en cachette, pour garder la face.

Son égoïsme résulte de son matérialisme exacerbé. Effectivement, Christian ne se préoccupe pas des autres personnes. Dès le début du film, il hésite longuement à aider une femme qui fuit un homme voulant la tuer. Il attend que les autres personnes présentes interviennent. Mais celles-ci sont tout autant égoïstes que lui. Son égoïsme ressort également quand il rechigne à aider les personnes mendiantes, alors qu’il n’hésite pas à les utiliser à ses fins.

Nous l’avons déjà dit, Christian a deux facettes : la professionnelle et la personnelle. Il est conservateur de musée, ainsi le musée est toute sa vie. Il lui dédit une grande part de son temps et de son investissement. Ainsi, il a plus d’estime pour les oeuvres qu’il expose que pour les personnes en situation de pauvreté extrême. Il se préoccupe plus de son téléphone, de sa voiture et des graviers de son musée que des personnes qu’il côtoie.

Ironiquement, The Square se concentre sur le mise en place d'une exposition dédiée à la promotion de l'altruisme et de la confiance dans la société. Également, les enfants ainsi que leur innocence sont utilisés afin de souligner qu'il reste toutefois de l'espoir pour le futur. Ils ne sont pas encore tombés dans les vices de leurs parents.

LA RECHERCHE POUSSÉE DE L’ESTHÉTISME

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Il est indéniable d’affirmer que The Square est un beau film. Ici on ne parle pas de l’écriture ou de la mise en scène, mais des décors et plus globalement de l’aspect esthétique du film.

Le musée dans lequel Christian travaille est un bâtiment ancien partiellement rénové avec une architecture moderne. Les oeuvres contemporaines côtoient les pavés ancestraux. Les salons des hôtels particuliers accueillent les performances artistiques les plus décalées. Ces oppositions renforcent la quête absolue de l’esthétisme de The Square. Les décors se doivent d’être somptueux pour que les messages transmis soient crédibles. Pour que les idées parviennent dans les mentalités.

L’esthétisme détonne d’autant plus lorsque des petits éléments viennent perturber la quiétude et la beauté des lieux. On peut citer par exemple la présence d’un nourrisson en pleurs lors d’une réunion entre les têtes pensantes du musée qui s’évertuent à rechercher toujours les nouvelles idées pour perdurer dans la société. On peut également évoquer l’agression dont Christian est victime. Cela contraste avec son calme et son assurance naturelle. Enfin, un autre exemple pertinent concerne l’homme atteint du syndrome de la Tourette qui se déclenche pendant une conférence d’un artiste à laquelle toute une classe sociale supérieure assiste et méprise les petites gens. Il ne tolère pas les différences et accordent plus de crédit à l’art.

The Square est un film puissant par ses messages et par son esthétisme. Le film est long mais dense et critique toute une société et des comportements qu’il estime néfaste pour l’être humain et pour les relations sociales.