The Rover
- cinebafilms
- 18 mars 2022
- 4 min de lecture


The Rover est un film réalisé par David Michôd en 2014. Situé dans un futur proche, il retrace le périple d’Eric, qui part à la poursuite à travers le désert australien de trois criminels qui lui volent sa voiture.
Bonne lecture ! (Attention spoilers)
UNE AMBIANCE DE VIDE ABSOLU
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L’histoire de The Rover prend place en Australie, 10 ans après un effondrement de la société. Dans un monde semi-apocalyptique, David Michôd nous invite à suivre Eric, interprété par Guy Pearce, un homme qui tente de survivre dans ce nouveau monde. Alors qu’il s’arrête dans une sorte de restaurant, trois criminels qui viennent de prendre part à une fusillade lui vole sa voiture. C’est alors le début de sa traque à travers le désert.
Le spectateur va alors découvrir à travers son parcours l’état déplorable du monde. Eric arpente les routes qui fendent la désolation du désert, visite les maisons qui se dressent hors de la poussière, et affronte les quelques âmes atones qui errent dans ce monde. De par son chemin, le spectateur réalise qu’il ne reste rien, tout est absolument vide.

Le néant et le danger sont omniprésents. Qu’il se trouve dans des grands espaces ouverts, ou alors dans des bâtisses abandonnées, il n’y a pas d’espoir. L’extérieur est certes lumineux, mais il est vide. Il n’y a plus de présence, plus de vie, plus rien. L’intérieur est sombre mais peuplé, enfin, les quelques personnes restantes rôdent inexorablement à attendre que la mort ne les trouve.

Cette sensation de désolation est accompagnée par une musique stridente, voire agressive qui intervient ici et là, et qui plonge le spectateur dans une peur permanente. Elle ne laisse pas de répit et rappelle la présence permanente du danger et de la mort. Le son joue une part majeure dans la constitution de l’ambiance car au-delà de la musique, ce sont des bruits mécaniques sourds, des sons de chair martyrisée qui marquent la violence et l’absence d’espoir de ce nouveau monde.
UN WESTERN CONTEMPORAIN
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The Rover est inspiré de plusieurs genres cinématographiques. Il est le produit de la combinaison entre des touches de Mad Max et de notes de westerns. Le côté Mad Max se retrouve dans l’ambiance du film que l’on a décrite précédemment, un monde apocalyptique dans lequel les quelques survivants s’affrontent pour les ressources restantes. Cette inspiration se ressent également dans l’écriture du personnage d’Eric. Il est un homme mystérieux, solitaire dont on ne parvient pas à distinguer le but ni son passé. On ne peut que mettre un prénom sur un visage. Il est impossible d’en connaître plus. Cette solitude se ressent dans son rapport aux autres personnes qu’il rencontre. Il est agressif, évasif, méfiant.

Quant au côté western, les références sont présentes à plusieurs niveaux. Bien évidemment, la première référence est le cadre. On se situe dans un désert, à l’instar du Grand Ouest Américain. On voyage en découvrant la flore et la faune caractéristiques, des quelques brins d’herbes miraculés aux vautours majestueux.

La deuxième référence concerne le personnage principal. On l’a déjà dit, il est un solitaire. Il n’a pas de passé, pas d’amis, pas de famille. Dès le début du film, on parvient à cerner le personnage. Il est présenté comme le héros du film qui traque les bandits. Le gentil solitaire face à une bande de criminels, un schéma classique. Il semble incarner le bien qui lutte contre le mal. Pendant sa traque, il va rencontrer Rey qui est interprété par Robert Pattinson, le frère d’un des criminels, qui va l’aider à les retrouver. Un duo improbable est né. Cependant, Eric va se servir de Rey pour parvenir à ses fins. Sa véritable identité se révèle au fur et à mesure que le film avance. La binarité gentil-méchants promise en début de film s’estompe au profit d’une nuance plus réaliste et surtout plus intéressante. On découvre notamment que son côté violent existe depuis au moins dix ans, étant donné qu’il confesse avoir tuer son épouse et son amant.

Un point capital des westerns : la musique. Elle est évidemment présente dans The Rover. Elle sert deux fonctions principales. L’une renforce l’idée d’affrontement à l’instar des duels de cow-boys et l’autre, on l’a vu, accentue la désolation de l’environnement.
UNE CRITIQUE DU MATÉRIALISME DE LA SOCIÉTÉ
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Le message qu’il est possible de déceler dans The Rover est celui d’une critique du matérialisme de la société. Cette critique principale va découler sur des critiques annexes.
C’est l'attachement aux biens qui va déclencher l’histoire. Éric se fait voler sa voiture, son seul bien. Alors il se transforme en un tueur déterminé. Il ne va éprouver aucun remord à éliminer tout ceux qui se dresseront sur son chemin, qu’ils soient infirmes, handicapés, ou âgés. Pour preuve, alors qu’il cherche à se procurer une arme, il tue le vendeur car il refuse de payer les 300 dollars demandés. Il s'accapare une vie pour une poignée de billets.

Cette question autour de l’argent amène à un point concernant les ressources restantes suite à l’effondrement. Il n’y a plus d’eau, plus de nourriture et pourtant les quelques personnes survivantes s’entretuent pour des armes, de l’essence, quelques dollars, ou encore une voiture. On peut voir en cela une société gangrénée par des choses futiles et qui a oublié l’essentiel et les bases nécessaires à la vie.

Il est possible de rajouter à cette idée que l’autorité, en tout cas un semblant, persiste malgré le chaos. Les militaires sont les seuls à avoir du matériel fonctionnel, des bâtiments debout et la prétention de maintenir l'équilibre dans la société.

Le matérialisme entraîne une atmosphère d’ultra-violence qui imprègne tous les personnages. Rey en est un exemple parfait. Pendant sa quête de vengeance, il va se faire manipuler par Eric et devenir à son tour un tueur. Il va renier sa famille et ses valeurs afin de remplir son objectif. Ainsi, il va tuer une enfant et des militaires, et tente d’éliminer son frère, en vain. La violence l’emporte ainsi sur les valeurs morales les plus fondamentales.
En réalisant The Rover, David Michôd délivre un film saisissant par la forme et par le fond. Il propose un western contemporain tout en apportant une critique. Cela accompagné des performances marquantes de Guy Pearce et Robert Pattinson, The Rover est un film unique et remarquable.
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