Still Alice
- cinebafilms
- 4 mars 2022
- 4 min de lecture


Still Alice est un film réalisé en 2014 par Wash Westmoreland et Richard Glatzer. Il dépeint l’histoire d’Alice Howland, professeur de linguistique qui se voit diagnostiquer un début de maladie d’Alzheimer. Alors, sa vie et l’unité de sa famille vont chavirer.
Bonne lecture ! (Attention spoilers)
LA LENTE DÉGÉNÉRESCENCE D’UNE FEMME BRILLANTE
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Alice Howland vient de fêter ses 50 ans, elle est mariée et a 3 enfants. Elle est une professeure de linguistique renommée. Elle est heureuse, épanouie, joviale, intelligente, cultivée. Un jour, alors qu’elle donne une conférence, elle ne parvient pas à finir sa phrase, bloquée par un mot dont elle est incapable de se souvenir. Interloquée, elle se ressaisie et finit son discours. Quelques jours plus tard, alors qu’elle est en plein jogging, elle se perd au milieu de la ville. C’est l’élément qui enclenche le fil conducteur du film. Elle se rend alors chez un neurologue qui lui diagnostique un début de malade d’Alzheimer congénitale, à seulement 50 ans.

Suite cette terrible nouvelle, on va assister à la dégénérescence d’Alice. Sa condition se détériore progressivement. Ce n’est pas brut. C'est une succession de petits événements qui montrent l’état d’Alice qui s’empire. D’abord, elle perd un mot, ce qui peut sembler anodin. Ensuite, elle perd son chemin, c’est plus inquiétant mais on peut toutefois y trouver des raisons, telle que la fatigue. Le signe le plus grave intervient lorsqu’elle oublie les conversations : elle ne se souvient plus de sa belle-fille qu’elle a pourtant rencontrée quelques minutes auparavant. Par ailleurs, Lydia va le remarquer, preuve que la situation est préoccupante.

Alors que la situation d’Alice est inévitable, elle entreprend, pendant ses moments de lucidité, de laisser une image positive d’elle dans les esprits de ses proches. Cette idée découle de la visite d’une maison de retraite durant laquelle elle comprend qu’elle est vouée à disparaître. Elle est effrayée quant à cette idée. Ainsi, elle prévoit son suicide, tant qu’elle est suffisamment consciente. Elle sera rattrapée par la maladie et n’y parviendra pas. Son image de femme brillante se dégrade inéluctablement au point qu’elle ne parvient même plus à communiquer ou encore à rester digne. Contrairement à ses peurs, sa famille reste aimante à son égard.

L’UNION D’UNE FAMILLE FACE À LA MALADIE
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En plus de sa carrière brillante, Alice, interprétée par Julianne Moore est une épouse et une mère. Elle est mariée à John Howland, un médecin interprété par Alec Baldwin. Leur mariage est heureux, ils ont chacun une belle carrière et leur amour est toujours puissant. Ils ont eu trois enfants, désormais adultes. L’ainée s’appelle Anna, le cadet s’appelle Tom et la benjamine s’appelle Lydia. Ils sont respectivement interprétés par Kate Bosworth, Hunter Parrish et Kristen Stewart. Anna étudie le droit, Tom la médecine tandis qu’Anna tente de réussir en tant qu’actrice. C’est une famille aisée mais qui reste toutefois classique. Tout le monde a réussi dans la vie, est heureux avec son partenaire (sauf peut-être Lydia), la famille vit comme une famille ordinaire avec beaucoup d’amour distribué, quelques disputes anodines, des réunions familiales pour les anniversaires, ou encore pour fêter Noël.

La maladie d’Alice chamboule l’équilibre de la famille. Elle est un dur rappel de la fragilité du corps et des relations humaines. De plus, la maladie d’Alice est génétique. Elle l’a hérité de son père. Anna, la fille ainée, en est porteuse. Tom non, et Lydia refuse de le savoir. La famille est tiraillée entre la terrible nouvelle concernant Alice et la grossesse d’Anna. Un tragique événement se prépare tandis qu’une merveilleuse nouvelle est en cours.
Également, la relation entre Alice et Lydia n’est pas très saine. La première souhaite que Lydia fasse des études afin d’avoir une vraie carrière tandis que celle-ci se sent plus épanouie dans le milieu du théâtre. Elles vont se confronter plusieurs fois, jusqu’à ce qu’Alice accepte les choix de sa fille. Une nouvelle relation va se créer et les deux femmes vont se rapprocher malgré leurs divergences.

UNE RÉALISATION INTIMISTE
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De part la complexité et la subtilité du sujet choisi, Wash Westmoreland et Richard Glatzer, les réalisateurs, ont opté pour une réalisation que l’on peut qualifier d’intimiste. Cette intimité est perceptible à deux niveaux. Le premier niveau correspond à l’intimité de la famille. Still Alice se concentre sur la structure de la famille qui va être fragilisée par la découverte de la maladie d’Alice, la pierre angulaire des Howlands. Le second niveau se rapporte à Alice elle-même. On ne parle évidemment pas d’intimité personnelle mais plutôt d’une intimité de son être, de son âme. Le spectateur devient le témoin de la chute d’Alice.

D’un point de vue technique, il y a deux sortes de plans qui ressortent pendant le film. Il y a d’une part les longs plans fixes et il y a d’autre part les plans filmés en caméra épaule. Ces deux méthodes de prise de vue remplissent deux objectifs distincts.
Le premier de ces objectifs, à savoir les plans fixes, font penser à des sortes de confessions que Alice pourrait faire, pour que lorsqu’elle aura disparu physiquement, ou du moins en tant qu’être, il reste une trace d’elle. Ces longs plans fixes durent plusieurs dizaines de secondes, à l’instar du premier entretien avec le Docteur Benjamin, le neurologue. Ceux-ci ont une vocation à l’usage exclusif d’Alice, comme des mémoires, ou bien des archives de la femme qu’elle était avant de disparaître à cause de la maladie. Julianne Moore délivre une prestation exceptionnelle et marquante en interprétant Alice. Elle est à la fois forte et délicate, courageuse et désespérée. Elle sera récompensée par l’Oscar de la meilleure actrice en 2015.

Quant aux plans caméra épaule, il remplisse le second objectif dès lors qu'on les considère comme des images destinées à la famille, à la façon d’archives familiales. Elles sont plus spontanées et retracent des moments de vie qui arpentent l’existence d’une personne, comme lors de la préparation du repas du Noël.
En conclusion, les co-réalisateurs Westmoreland et Glatzer ont livré une oeuvre pudique et puissante. Ils ont subtilement filmé et mis en scène l’histoire d’une femme bouleversée par la maladie et contre laquelle elle ne peut pas se battre. Alice essaie d’être encore Alice.
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