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L'Infirmière

  • cinebafilms
  • 28 janv. 2022
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 avr. 2022


L'Infirmière / Yokogao / A Girl missing

Kôji Fukada
Source : IMDB

L’Infirmière est un film réalisé par Kôji Fukada qui relate la vie d’Ichiko, une infirmière au service d’une famille. Cette famille est composée d’une grand-mère, de sa fille et de ses deux petites-filles, Motoko et Saki. Ichiko fait presque partie de la famille. Elle apporte son aide tout le monde. La grand-mère bien évidemment, puisqu’elle a besoin de soins, et s’occupe aussi des deux petites-filles en les aidant dans leur scolarité. Mais, un événement va venir bouleverser cet équilibre.

Bonne lecture ! (Attention spoilers)



UN PERSONNAGE PRINCIPAL COMPLEXE

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Mariko Tsutsui
Source : IMDB

Ichiko, interprétée par Mariko Tsutsui est un personnage qu’il est dur de cerner. En apparence serviable et généreuse, Ichiko se révèle au cours du film être tiraillée de tout bord.




Tantôt elle est affronte la solitude dans son appartement modeste, tantôt elle retrouve son conjoint dans une maison chaleureuse.




Tantôt elle est infirmière, au service des personnes âgées, tantôt elle est professeure, aidant la jeunesse à se créer un avenir.

Tantôt elle se sent coupable de l’enlèvement de Saki par son neveu, tantôt elle le réfute et esquive la confrontation.


Ces ambiguïtés se confirment lorsqu’on se penche sur le titre du film : よこがお (yokogao). Il se traduit par “profil”. Comme si Ichiko avait deux visages, deux vies. Elle est tiraillée entre les deux aspects de sa personnalité. Elle prétend être quelqu’un d’autre, ou du moins elle essaie. Il est très difficile de la définir. Finalement, on ne connait que peu de choses à propos d’Ichiko. Elle n’est pas d’amis, ses seules relations sont professionnelles. Même dans sa vie sentimentale, on ne comprend pas si elle est sincère. Elle est en couple avec un homme qui a déjà un fils, mais on ne sent pas de complicité entre eux. Ils n’ont pas l’air d’être amis, proches. On pourrait croire que leur relation n’est qu’une façade pour cacher la solitude d’Ichiko. Cette façade s’appelle le 建前 (たてまえ : tatemae). Il s’agit de l’attitude qu’une personne adopte lors de sa vie publique.

Son tiraillement se poursuit jusqu’aux derniers instants du film. Alors qu’Ichiko se retrouve en position de prendre sa revanche sur celle qui a précipité sa chute, Motoko, elle est déchirée entre vouloir passer à l’action et ne rien faire. Au bout d’une longue hésitation, elle finit par se contenir.



UN FILM AUTHENTIQUE

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L’authenticité du film se ressent à plusieurs niveaux.


L’essentiel de l’action se déroule dans un Japon résidentiel, on est loin de la campagne ou des grandes villes. On se trouve dans le juste milieu. On assiste à des scènes de la vie quotidienne. Le spectateur devient un citoyen qui observe ce qu’il se passe comme s’il était un habitant du quartier. On pourrait presque croire à un documentaire.

L’authenticité du film se ressent également au travers des personnages. Ce sont des personnes ordinaires avec des vies ordinaires. Il est très facile de s’identifier à elles, d’avoir de l’empathie envers elles. Ce sont des coiffeurs, infirmières, médecins, étudiants ; des professions ou des activités que tout le monde connaît, auxquelles tout le monde a affaire.


Le thème du film est véritablement contemporain. Il traite de la responsabilité des médias et des rumeurs sur la vie d’une personne et le traitement des faits qui sont avérés. Ceci est brûlant d’actualité et le réalisateur apporte son regard critique sur ces thématiques.



LA QUESTION DU RENVERSEMENT DE LA CULPABILITÉ

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Le tournant du film qui va déclencher tout le déroulement du film intervient très vite avec l’enlèvement de Saki. Il a été perpétré par le neveu de Ichiko. Si tout d’abord, elle n’est pas concernée, elle devient vite le centre de l’attention lorsque leur lien de parenté est découvert. S’en suit alors une véritable descente aux enfers pour celle qui a dédié sa vie à aider les autres. Même ses plus proches amies et collègues lui tournent le dos. Ichiko passe d’une femme altruiste et généreuse mais isolée à une femme rejetée et haïe, mais traquée.

La descente aux enfers de Ichiko est progressive. Initialement Ichiko n’est pas liée à l’enlèvement. Elle continue de travailler auprès de la famille et de se confier à eux. Elle continue également de fréquenter son conjoint avec lequel elle prévoit de se marier. Voyant qu’elle n’est pas touchée par la situation, la famille, furieuse, décide de s’en séparer. Par vengeance, Motoko, une des petites-filles, finit par parler aux médias d’un comportement qu’Ichiko a eu à l’égard de son neveu et l’accuse d’avoir provoqué l’enlèvement de Saki. À partir de ce moment, il n’y a plus de retour en arrière pour Ichiko. Elle s’est fait trahir par les seules personnes qui avaient de l’affection à son encontre, son mariage est repoussé, ses collègues la rejettent également. Elle est traquée par les médias qui ne s’intéresse plus à l’enlèvement mais se focalise désormais sur Ichiko. On assiste à un véritable renversement de la culpabilité, qui n'est basée que sur une rumeur. Ichiko est abandonnée de tous et se replie sur elle-même.

Parallèlement, c’est même Saki, la victime, sur qui la responsabilité est jetée. C’est un autre élément qui vient appuyer cette idée que la culpabilité est rejetée sur les victimes, au lieu des véritables coupables.



Kôji Fukada a exploité plusieurs thèmes de société dans L’Infirmière. Il y a tout d’abord la relation qu’a une personne avec la société et ensuite, il y a la question de la justice par les médias. Il dénonce la justice médiatique qui se substitue à la seule justice légitime. Pour traiter ces thèmes, le réalisateur a procédé subtilement en choisissant l’authenticité de l’interprétation par les acteurs et dans les décors afin de ne pas parasiter le fond de l’oeuvre.

 
 
 

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