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A Taxi Driver

  • cinebafilms
  • 25 mars 2022
  • 5 min de lecture

A Taxi Driver Jang Hoon Song Kang ho Thomas Kretschmann

Jang Hoon
Jang Hoon

En 1980, un soulèvement populaire en opposition à la dictature en place naît à Gwangju, ville importante du Sud-Ouest de la Corée du Sud. C’est basé sur cet événement que Jang Hoon a réalisé A Taxi Driver, sorti en 2017.


Bonne lecture ! (Attention spoilers)


UN FILM PÉTILLANT EN APPARENCE

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Song Kang-ho
Song Kang-ho

A Taxi Driver commence par une séquence dans laquelle on est invité à suivre Kim Man-seob, un chauffeur de taxi de Séoul, au cours d’une journée typique de travail. Il est incarné par l’excellent Song Kang-ho. On accompagne un gaillard joyeux, jovial, enthousiaste, parfois un peu bougon. Il cherche à tout prix des clients car il a des problèmes d’argent et souhaite que sa fille soit la plus heureuse possible.

Afin d’accompagner ce fameux M. Kim, on est plongé dans une mégalopole grouillante agrémentée de couleurs très vives et saturées, le tout accompagnée d’une musique de carnaval : un monde utopique dans lequel tout va bien. On nous propose les premières images d’un film qui tend vers une oeuvre bienveillante et innocente dont on ne parvient pas à saisir la problématique.

Si en apparence ces images semblent candides, elles prennent un tout autre sens une fois que l’on a visionné le film entier.

On découvre ensuite le côté râleur de M. Kim lorsqu’il se retrouve bloqué dans le trafic par une manifestation. Cependant, cela n’affecte en rien sa bonhommie et sa ruse et reprend le cours de sa journée.

A Taxi Driver Jang Hoon Song Kang ho Thomas Kretschmann

Thomas Kretschmann
Thomas Kretschmann

Mais un beau jour, il apprend qu’un journaliste allemand (Thomas Kretschmann) cherche à se rendre à Gwangju et qu’il est prêt à offrir une grosse récompense à celui qui l’y conduira. Grâce à sa malice, il va saisir cette opportunité et va s’embarquer dans une aventure qui va très vite le dépasser. Il devient le messager de la liberté et de la démocratie, malgré lui.


Alors, pour marquer ce basculement, intervient le jeu des couleurs avec lequel a commencé le film. Initialement, la colorimétrie était très vive, très colorée, très pop, représentée par le taxi vert éclatant et l’uniforme jaune vif. Cela véhicule l’image d’une vie joyeuse. Cette image finit par s’écorcher sur le chemin vers Gwangju et à l’arrivée du duo dans la ville. Ils arrivent dans une ville martyrisée par les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants. En effet, tout est sale, poussiéreux, terne tandis que M. Kim détonne avec sa tenue jaune. Il est un intrus dans le chaos : il incarne l’innocence de la population coréenne face à ce qu’il se passe dans la ville.

A Taxi Driver Jang Hoon Song Kang ho Thomas Kretschmann

Ce chaos va s’amplifier au fil du film. Et son jaune va s’estomper et il va finir par rejoindre les couleurs ternes. Il se fond dans la masse en même temps qu’il rejoint le combat pour la démocratie. Il réalise alors que la violence est devenue reine de la ville et assiste à des scènes effroyables au cours desquelles ils voient des jeunes et des moins jeunes, des amis ou encore des gens ordinaires être tués au nom de leur combat.


UN REGARD SUR L’HISTOIRE DE FAÇON COMIQUE

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En 1980, un important mouvement social émerge à Gwandju afin de protester face au régime dictatorial en place. En réponse, le gouvernement isole la ville et tente d’endiguer le mouvement. Inconnu en dehors de Corée, c’est grâce au courage d’un journaliste allemand et d’un chauffeur de taxi qui vont dévoiler les images de ce qu’il se passe à Gwangju.

A Taxi Driver Jang Hoon Song Kang ho Thomas Kretschmann

A Taxi Driver met en lumière les vices d’un régime totalitaire en mêlant drame et comédie. Ce mélange permet non pas de tourner en dérision le thème du film mais plutôt de capter l’attention des spectateurs afin qu’ils découvrent cet épisode de l’histoire du pays du matin calme.


La première partie du film fait véritablement sourire. On se trouve en compagnie d’un homme sympathique plein de bonhommie et qui va développer une relation avec le journaliste allemand, relation qui va amener beaucoup de comique au film. Le comique vire souvent à la caricature. Pour preuve, on assiste à une sorte scène de théâtre quand M. Kim et le journaliste dialoguent. Le premier ne parle absolument pas anglais tandis que le second n’a aucune notion de coréen et cela entraine de nombreux quiproquos qui apportent de l’humour au film. La caricature se renforce avec d’autres éléments tels que l’intervention d’une sorte de mafia, clichée au possible dans un café sombre, ou encore avec M. Kim qui subit la pression de sa propriétaire alors qu’il prétend maîtriser la situation.

A Taxi Driver Jang Hoon Song Kang ho Thomas Kretschmann

La trame du film bascule quand M. Kim réalise ce qu’il se passe à Gwangju. Alors, la comédie s’estompe au profit de l’aspect dramatique et historique du film. On voit alors les rouages qui font tenir cette dictature. Il y a entre autres la censure de la presse écrite, la promulgation de la loi martiale, un couvre-feu, la répression des opposants, la propagande ainsi que les menaces. S’en suit évidemment, une escalade de la violence qui aboutit à l’élimination des manifestants par les militaires. Les médias ordinaires servent de référence pour la population, mais servent plutôt la propagande du gouvernement.


1000 IMAGES DE CORÉE

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A Taxi Driver est une balade à travers de nombreux paysages de Corée. Le spectateur peut être considéré comme un client du taxi avec lequel il va découvrir la vie, l’histoire, la culture, les paysages ou encore l’architecture typique de la Corée. Le recours au taxi permet d’imager la dichotomie entre la Corée asservie et la Corée révolutionnaire.

Le film commence dans Séoul, capitale bondée et hyper-active. La vie y est édulcorée, les couleurs sont lumineuses et attirantes.

Pour se rendre à Gwangju, au Sud-Ouest du pays, il faut traverser la campagne coréenne et passer par des régions montagneuses. En quelques instants, on a déjà un large éventail du pays. Cet éventail s’amplifie une fois que Gwangju est atteinte. On découvre alors la vie dans une ville qui est coupée du monde et qui est l’épicentre d’un mouvement de contestation populaire.

A Taxi Driver Jang Hoon Song Kang ho Thomas Kretschmann

On découvre alors que Gwangju est le théâtre d’un chaos absolu. La ville semble à l’abandon. Ce n’est pas du tout le cas. Elle est devenue un véritable champ de bataille qui oppose l’armée aux étudiants et aux syndicats, puis finalement à toute la population. Le terme de champ de bataille n’est pas exagéré car les affrontements sont violents et l’issue pour les opposants est malheureusement très souvent la mort.

La multiplicité de ces images appuie le fait que ce qu’il ce passe à Gwangju affecte toute la Corée, et non pas seulement quelques personnes dans la ville. Que ce soit à Séoul où des manifestations plus modestes se produisent ou bien dans les campagnes où la population n’est pas concernée, M. Kim va faire le lien et le messager malgré lui entre tous ces endroits. Les images qu’il a récolté avec le journaliste finissent par atteindre le monde entier, soulignant l’échec et la chute de la dictature en Corée.

A Taxi Driver Jang Hoon Song Kang ho Thomas Kretschmann

Jang Hoon a mis en avant une période sombre de l’histoire coréenne en réalisant A Taxi Driver. Il montre que ce mouvement à affecter tout le pays, des dirigeants en passant par les gens ordinaires, qui se sont unis pour lutter pour leurs droits et leurs libertés.

 
 
 

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